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L'Histoire Mondiale du Rock
Progressif, Tome 2
L'école anglaise 1973 / 1982
by Didier Gonzalez, 1992
(extract from page 43 and top of 44 with
kind permission of Didier Gonzalez) |
Dans la mouvance musicale de CURVED
AIR apparut en 1973 la formation progressive: ESPERANTO dont la
grande originalité demeurait sa composition: deux violonistes (RAYMOND
VINCENT et GODFREY SALMON), un violoncelliste/pianiste (TIMOTHY
KRAEMER), un chanteur/flûtiste (JOY YATES), deux chanteuses (BRIDGET
DUDOIT et JANICE SLATER), un claviériste (BRUNO LIBERT), un
guitariste et pianiste (BRIAN HOLLOWAY), un batteur (TONY MALISAN)
et un saxophoniste et joueur de viole (TONY HARRIS).
La création musicale s'avérait
d'un profond lyrisme et d'une grande sensibilité, en même temps que d'un
grand éclectisme, comme en témoignait le premier album ROCK ORCHESTRA (paru
en 1973). Les accents expérimentaux et classiques de "Perhaps one
day", le poignant lyrisme de la ballade "Never again"
(et les superbes vocalistes féminines), le dynamisme et le modernisme
conjugués de "On down the road" ou les délices mélodiques
de "Statue of Liberty" auguraient bien d'une musique progressive à
l'avant-garde de son époque. Avec ce disque en tous points remarquable, les
musiciens de ESPERANTO s'imposaient comme des défricheurs, des
précurseurs. Ils continuaient et prolongeaient les folles expériences des
géniaux musiciens de CURVED AIR, tout en préfigurant les futurs
travaux de U.K.
Pour le second LP DANSE MACABRE
publié en 1974, KEITH CHRISMAS prêtait son concours au chant, tandis
que PETER SINFIELD produisait la musique et était crédité
inspirateur des musiciens. La musique gagnait encore en beauté, qualité et
diversité. La longue pièce "The journey" qui introduisait
l'album témoignait d'une inspiration supérieure, habitée par une ambiance
nostalgique et raffinée, tout en possédant ce côté hautement innovateur
qui représentait la force et l'attrait majeur de la musique de ESPERANTO.
Pour "The Duel" la chanteuse BRIDGET DUDOIT
s'illustrait, à travers de splendides vocaux tout empreints d'émotion tandis
que les violonistes et violoncelliste entrainaient l'auditeur vers des mondes
féériques. Quant à "The cloister" ce morceau de bravoure
semblait tout droit issu de sessions inédites de U.K. tant les parties
de violons évoquaient les travaux de EDDIE JOBSON. Matûrité
croissante, sens de l'esthétique des sons, goût prononcé pour
l'expérimentation, oui la musique de ESPERANTO participait pleinement
à l'immense richesse et diversité du mouvement progressiste anglais des
années soixante-dix.
Un troisième opus: LAST TANGO
voyait le jour en 1975, avec une formation partiellement remaniée: la
chanteuse KIM MOORE ainsi que le chanteur ROGER MEAKIN
intégraient le groupe, tandis que BRIDGET DUDOIT, JOY YATES, JANICE
SLATER, BRIAN HOLLOWAY, GLENN SHORROCK et TONY HARRIS
cédaient la place.
ESPERANTO devenait ainsi un
octuor, mais demeurait pour l'essentiel ce conglomérat de talents brillants
qui s'était illustré les deux années précédentes. Même état d'esprit,
même capacité créative, un renouvellement permanent, ESPERANTO
proposait la même musique trépidante, inventive, avec ce sens mélodique
inégalé, assorti d'un remarquable don de l'expérimentation sonore. Avec ce
troisième volet LAST TANGO, ESPERANTO telle un météore qui aurait
brûlé trop vite achevait sa course folle dans l'espace musical progressiste
anglais.