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Il n'y a que très peu d'informations sur la musique de Esperanto sur Internet. Vous en trouverez ici quelques unes que j'ai collectées. J'espère que l'on m'enverra d'autres informations (ou corrections) pour compléter ces pages web. Par exemple: paroles de chansons, photos, video, show radio et show télévisé, date et ticket de concerts, souvenirs... Merci pour votre aide et votre coopération. "Si vous avez eu assez
de chance pour voir et entendre ces douze musiciens dans un de leurs
rares concerts, alors vous savez pourquoi en comparaison avec Esperanto,
les groupes standards de rock sonnent encore comme dans les années 60.
L'histoire de Esperanto
Esperanto. L’esperanto est
un langage créé en 1887 de toutes pièces au départ de diverses langues
romanes par Zamenhof qui voulait en
faire un outil de communication universel. Le groupe belgo-anglais du même nom
eût au début des années 70 une carrière brève mais intense, avec un propos
musical extrêmement varié, issu lui aussi de la diversité des influences et
des nationalités de ses protagonistes. Tout commence fin 71, avec le
violoniste belge Raymond Vincent, leader historique de la formation “Wallace
Collection” qui, après la dissolution de ce groupe, désire se lancer
dans une aventure musicale plus audacieuse (malgré un curieux attachement
au...Hard Rock). Après avoir tenté une expérience avec Daniel (Dany) Lademacher et
Roger Wollaert (qui avaient quitté Kleptomania), puis avec Dirk Bogaert (de
Waterloo), il entre en contact avec
Bruno Libert qui termine alors ses études
de musicologie et officie chaque soir comme pianiste dans divers théâtres de
Bruxelles où l'on présente des comédies musicales "off Broadway",
très en vogue à l'époque. Raymond expose à Bruno son nouveau projet, ainsi
que quelques idées pour des morceaux en gestation, et lui fait écouter un
album promotionnel, intitulé Metronomics qu'il a écrit pour les besoins d’une campagne
publicitaire. Les deux musiciens tombent d’accord pour lancer le projet, se
mettent à la recherche de musiciens et découvrent les frères Malisan, deux
italo-belges de la région de Mons: Gino, bassiste et Tony, batteur. Ils
commencent les répétitions à quatre dans l'arrière-salle d'un petit bistrot,
composent une série de morceaux et enregistrent une première démo au studio
“Cathy” de Marc Aryan (chanteur belge à succès au début des années 70)
dans le Brabant Wallon. Les quatre musiciens partent avec
leur démo pour l’Angleterre et y rencontrent David Mackay, qui deviendra le
producteur d’une partie du premier album, mais qui fut aussi celui des
“Wallace Collection” et des “New Seekers”. David est intéressé par le
projet et se charge de recruter de nouveaux musiciens pour compléter le
‘line-up’ assez réduit de la première démo (violon, orgue Hammond, basse
& batterie). Rapidement, il entre en contact avec Glenn
Shorrock, un
chanteur australien qui vit à Londres à l'époque et qui vient de quitter son
groupe, The Twilights. David fait aussi écouter aux autres musiciens une série
de disques de sa collection afin de dénicher des chanteuses. Raymond et Bruno
sont tout de suite convaincus par le trio de choristes de Cliff Richard. David
obtient un rendez-vous avec Joy Yates, Janice Slater & Bridget Dudoit (qui
venaient de sortir un disque sous le nom de Bones) et les convainc sans trop de
difficultés, car elles sont enthousiastes, de rejoindre l’entité en
formation. Le groupe est aussi à la recherche d’un guitariste, mais également
de cordes afin de soutenir le violon de Raymond Vincent. David Mackay déniche
Brian Holloway, guitariste, australien lui aussi.
Comme il dirige régulièrement des sessions d’enregistrement dans les
studios londoniens, David réunit assez facilement une section de cordes qui
sonne moderne, à la différence des cordes belges qui sont plutôt classiques.
Un second violon (Godfrey
Salmon), un alto (Tony
Harris) et un violoncelliste (Timothy Kraemer) sont engagés et
Esperanto première mouture est au complet. Le producteur loue une ferme pour
quelques semaines dans les Cornouailles et les douze musiciens, dont certains se
connaissent à peine ou viennent de se rencontrer, commencent les répétitions.
Le contact est excellent. Dans la
foulée, le groupe se retrouve dans une autre ferme en Belgique, à Houyet, pour
terminer le travail des morceaux. Rentré à Londres, David Mackay emmène tout
le monde aux studios Morgan pour enregistrer le premier album. Plusieurs
nouveaux morceaux sont composés, dont “Black Widow” et "Publicity", qui
feront l’objet
d’un 45 tours, mais ne figureront pas sur le premier album. Les prises terminées,
le producteur part à la recherche d’un contrat. Contact est pris avec Polydor,
qui est enthousiasmé par la musique, mais pour des points de détails, les négociations
échouent et le contrat n’est pas signé. Polydor investira dans un autre
groupe qui monte, et fera carrière: Slade. Finalement, après des mois de
recherches et une rencontre avec Herp Alpert et Jerry Moss, un contrat est enfin
signé pour trois albums avec
A&M. Le premier album “Esperanto
Rock Orchestra” voit le jour en 1973. Dans la foulée, des contacts sont
pris avec des managers de tournée et Esperanto peut commencer une série de
concerts, en Angleterre d’abord, en première partie de Sha na na (aussi chez
A&M à cette époque), avec des prestations au Roundhouse, Shaw Theatre,
Rainbow de Londres, mais aussi à Newcastle, Manchester, Liverpool... La tournée
est difficile, le public de Sha na na n’étant à priori pas celui d’Esperanto
et, malgré une critique acerbe parue dans le fameux “Melody Maker” qui les
taxe de pseudo hippies, la tournée se poursuit en Europe, avec les Strawbs
cette fois. Le groupe fait aussi une série d’enregistrements live pour la RAI
à Rome, Naples et Turin qui seront diffusés à la télévision italienne.
Esperanto n’est cependant pas au courant du chiffre des ventes de son album et
se base sur les réactions du public pour en apprécier l’accueil. Rentrés en Angleterre, les douze
musiciens se réunissent à nouveau, cette fois dans un château au Pays de
Galles et s’isolent pour préparer l'album suivant. Le choix des fermes et
autres châteaux ou lieux retirés s’est toujours imposé, vu le nombre de
musiciens d’Esperanto et la difficulté logistique de regrouper tout ce monde
dans une salle de répétition à Londres. Le château gallois est, comme il se
doit, hanté, et son atmosphère étrange se retrouvera dans la musique de ce
qui deviendra le deuxième album du groupe (un titre intitulé “The Castle”
y figure d’ailleurs ). Après plusieurs semaines de répétitions dans les
caves du château, le groupe enregistre les premières bandes et grave un disque
acétate qu’il présente à A&M, mais le projet est refusé par la maison
de disques. La situation se dégrade alors quelque peu dans le groupe. Glenn
Shorrock, nostalgique, décide de retourner en Australie (il fut bien inspiré
puisqu’il connaîtra le succès jusqu’aux États-Unis avec son groupe Little
River Band). A&M demande alors à Peter Sinfield (poète parolier de
King Crimson et d'ELP, et traducteur des textes de Premiata Forniera Marconi -
PFM) de produire le nouvel album. Peter accepte et amène un nouveau chanteur:
Keith Christmas.
Ce chanteur (qui fera une carrière par ailleurs) a un style très différent,
plus introverti et davantage axé vers la musique folk, mais prendra la relève
de Glenn Shorrock. Une nouvelle maquette est présentée à A&M, avec des
morceaux différents ou réarrangés, chantés par Keith Christmas (sur l’acétate
c’était Glenn Shorrock qui les interprétait - des morceaux inédits figurent
sur cette réédition CD). Cette fois, A&M accepte. Les trois chanteuses
sont encore dans le groupe mais elles ne tarderont pas à le quitter, tout comme
Brian Holloway, ce qui explique que ces quatre membres d'Esperanto ne figurent
plus (même s'ils jouent en partie sur l’album) au dos de la pochette de “Danse
Macabre”. Le deuxième disque d’Esperanto,
“Danse Macabre”, voit le jour en 1974. Si,
sur le premier LP, le groupe était manifestement à la recherche de son style,
avec des influences pop, rock, classique et progressives, ce nouvel opus est
beaucoup plus homogène, plus progressif, et le climat en est très sombre...
L’atmosphère du Pays de Galles et du château hanté a fortement influencé
les musiciens et imprégné l’ambiance du nouvel album. Pour l’anecdote,
signalons que le 33 tours, sortira en France
sans le morceau “Danse macabre”, les ayants droits de Saint-Saëns
refusant de donner leur accord à la publication. Peter Sinfield, le producteur,
se sera impliqué très fortement dans cet album. Il racontera dans une
interview qu’il y avait laissé tellement d’influx qu’il avait refusé
ensuite de produire le premier Supertramp. Toujours par l’intermédiaire de
managers, A&M prépare la tournée suivante. C'est Magma (autre artiste
A&M, alors peu connu en Angleterre) qui
passera en première partie. La tournée les emmène dans la plupart des grandes
universités du pays. Une nouvelle fois, le groupe n’a aucune information sur
les ventes de l'album; il ne verra jamais la couleur des royalties qui auraient
dû être versées par le label, et se base sur le succès des tournées et sur
les rentrées de droits d’auteur pour apprécier la portée de son impact. Pour la préparation du troisième
album, le personnel va évoluer considérablement. Keith Christmas s’en est
allé, pour divergences musicales et parce que le groupe recherchait un
“frontman” plus expressif pour le représenter sur scène. Le groupe se
retrouve cette fois à Londres, et
passe diverses annonces dans les journaux, dont le fameux “Melody Maker” (où
Genesis recruta Steve Hackett). Esperanto auditionne et embauche par ce canal le
chanteur Roger Meakin. Son timbre vocal très particulier en fera le partenaire
idéal de Kim Moore (engagée par le même biais), leurs voix se mélangeant à
la perfection. Les prises d’enregistrement du troisième album auront lieu en
partie à Londres et en partie au célèbre château d’Hérouville, en France
(où enregistrèrent Jethro Tull, Elton John et bien d’autres). L’album “Last
Tango” est produit par Robin Geoffrey Cable (ingénieur et producteur,
notamment pour Queen, Genesis, Van Der Graaf Generator, Elton John et Carly
Simon). Il paraît en 1975. Cette fois, le groupe semble avoir
trouvé son équilibre, aussi bien musical qu’humain, et la tournée qui
s’ensuit est une réussite totale. De nombreux festivals célèbres viennent
émailler les dates, comme Bilzen, Newcastle, Reading et bien d’autres. Le
groupe possède également une résidence au Marquee: un concert de la formation
est automatiquement programmé tous les dix ou quinze jours dans la célèbre
salle londonienne pendant plusieurs mois. Les tournées européennes sont tout
aussi riches en succès, avec un concert mémorable au Paradiso d’Amsterdam et
une prestation au Festival de Montreux (en Suisse), avec PFM. Alors que le groupe semble avoir
trouvé son rythme de croisière, que le succès commence à poindre (malgré
une complète ignorance des ventes réalisées), le label A&M ne renouvelle
pas le contrat. Esperanto est effondré, persuadé que sa musique fait des
adeptes, vu notamment le succès grandissant des concerts. Il faut savoir que la
situation en Angleterre en 73-74 n'est pas brillante. Suite à la crise pétrolière,
le coût de fabrication des vinyles a fortement augmenté (témoin, le poids des
disques qui baisse considérablement) et les labels ont surtout tendance à écrémer
leurs sociétaires, se gardant bien d’en engager de nouveaux et de prendre des
risques dans cette conjoncture très défavorable, sans oublier la fameuse grève
des mineurs britanniques qui dure neuf mois, paralyse le pays, et ne
contribue certes pas à euphoriser le marché. Esperanto fut sans doute aussi
victime de sa formule, car même dans sa composition “réduite” du dernier
album, il comptait encore huit musiciens et un staff technique important qu'il
fallait loger, nourrir et abreuver. Le coût des tournées est très élevé, et
les exigences techniques inhérentes à ce genre musical élaboré nécessitent
un matériel sophistiqué (difficulté
d'amplification des cordes, etc.). Le groupe est donc cher à entretenir et,
comme c’est souvent le cas, les règles du profit immédiat dictent la décision
d'A&M et jouent aux dépens des qualités artistiques. Le contrat est rompu assez
brutalement par A&M qui entre en litige avec le groupe, et cette rupture précipitera
la fin définitive d’Esperanto, laissant cependant en héritage trois
magnifiques albums , tous différents et aux qualités indéniables, que ces
magnifiques rééditions vous permettront de (re)découvrir. D’aucuns comparèrent
Esperanto à un groupe comme ELO, à cause des deux violons et du violoncelle,
mais force est de reconnaître que le propos musical d’Esperanto est autrement
plus varié et plus inventif, et qu'il plonge ses racines dans de multiples
influences, à l’image des nombreux protagonistes du projet. Le seul regret que l’on puisse
avoir, au regard du talent des auteurs et de leur évolution musicale, est que
le groupe n’avait sans doute pas dit son dernier mot. Nous étions en 1975, et
si plusieurs groupes phares de rock progressif ou autres, avaient déjà écrit
leur grande œuvre, la porte restait ouverte et toute une série de groupes au
talent indiscutable pouvaient encore se frayer un chemin vers la notoriété,
car on était toujours en plein âge d’or de la musique rock et progressive
qui n’allait finalement s’estomper que quelques années plus tard. Qu’importe, le temps à fait son
œuvre et, surtout, ne boudons pas notre plaisir. Après des années d’attente
et grâce à de patientes recherches, vous avez enfin entre les mains un rare témoignage
du passé. Puissiez-vous trouver dans l'écoute de cette musique autant de
plaisir que les musiciens ont eu à la jouer en son temps. Compléments à l'histoire d'Esperanto
Edouard Meinbach donne des information
complémentaires: Discographie Cliquez sur les icônes des disques sur la barre de navigation à gauche pour connaître plus d'informations sur les disques d'Esperanto et voir les autres informations. Tous les CDs sont épuisés. Mais avec un peu de patience vous les trouverez certainement sur eBay or GEMM pour $15 à $30.
Ecoutez un extrait (en anglais)
d'une interview fait par Tony Hadland (au format RealPlayer):
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